COTE D'AZUR octobre 2015 .....!!!
CANNES 2015....est-ce exceptionnel ?
En réalité, ouvrons les yeux, ce qui vient de se passer à Cannes et sa région, n'est que la suite d'une quantité innombrable de catastrophes passées : VAISON LA ROMAINE (1992), XYNTHIA (2010), HERAULT et GARD (2014) ...la liste s'allonge, inexorable. Ces effets climatiques ne sont que la face cachée des réalités que personne ne veut entendre, mais dans le même temps, les listes des morts et des sinistrés s'allongent chaque année un peu plus. En fait, c'est un peu comme si nous étions en Arizona, sur une route qui mène au Grand canyon, sachant pertinemment que nous allons chuter dans le précipice du Colorado, mais nous y allons quand même. Pire, nous y allons en chantant et en sifflant car les lieux sont "magiques"....! Rien n'est trop beau à nos yeux de naïfs que de s'époumonner jusqu'à s'asphyxier dans des endroits aussi merveilleux qu'exceptionnels.
Depuis 60 ans, un peu partout en France, nous assistons à une frénésie démesurée de l'urbanisation, et surtout sur le pourtour méditerranéen, très propice à l'esprit "vacances", au soleil et à la plage. Certes. Pendant toutes ces années "incontrôlées" nous avons bétonné, bitumé, modifié les structures fondamentales de la biodiversité locale, empêché toute imprégnation pluviométrique sur les terres locales; et pour cause, elles n'existent plus. Nous avons oublié l'essentiel dans ce jeu stupide, c'est le climat méditerranéen à la base et que nos cours d'eau ne sont que des "oued" comme en Afrique du nord et susceptibles de devenir, à l'occasion, de terribles boyaux à cimetières. Non seulement, on a oublié, mais nous avons surtout évité de se le dire, pourvu que l'on fasse des investissements "rentables" à prix conséquents.
Ce qui vient de se passer à Cannes, Mandelieu, La Napoule etc.... n'est que la continuité de ce qui s'est déjà produit maintes fois et, réchauffement climatique aidant, constatons allègrement une progression considérable. En 1992, pas très loin, à Vaison La Romaine, à cause d'urbanisations incontrôlées ou mal apréhendées, il y eut plus de 40 morts. Ce cataclysme, qui n'a de naturel que l'appellation qu'on lui donne, a répondu point pour point aux erreurs commises par l'homme. Ce même constat doit être infligé à la catastrophe de La Faute sur Mer en Vendée (Xynthia - 2010) où cette fois, pour des motivations plus que douteuses, on avait pris soin, en amont, de rendre constructible des portions de littoral hyper dangereuses mais, pression immobilière aidant, des responsables de projets ont cru pouvoir passer outre les effets cycliques des éléments marins. En 2014, dans le Gard et l'Hérault, nous avons également assisté, impuissants, aux débordements de plusieurs cours d'eau alimentés par des pluies dilluviennes générées par des effets climatiques changeants en aval du massif des Cévennes.
Ces évènements, rappelons-le, génèrent des morts et des disparus mais aussi des destructions de maisons, d'exploitations agricoles, d'usines, d'entrepôts, de cultures, d'ouvrages publics etc...lesquels devront être payés par les assurances sous la forme connue de "catastrophes naturelles". Oui, c'est bien cela, mais le terme "naturel" est-il bien approprié? Il l'est, mais à cause de la main de l'homme qui, ayant fait des mauvais choix, provoque ces changements climatologiques en série. Et ces changements vont s'accélérer à vitesse grand "V" tant que la conscience et la réalité ne se rejoindront pas ou, pour le moins, seront mises en harmonie. En décembre, la COP 21, à Paris, tentera de détricoter l'écheveau, mais cette conférence devra contourner deux obstacles : 1) trouver la solution pour l'avenir; 2) gérer ce passé "incontrôlé" sans trop bouleverser la vie des citoyens-habitants.
XYNTHIA - Vendée - 2010 -
Les SOLUTIONS ...?
Depuis 3 jours, les géographes d'un peu partout en France, et plus particulièrement du littoral méditerranéen, réagissent et dénoncent cette frénésie innommable d'un urbanisme démesuré. Avec ces spécialistes, il faudra réfléchir (et vite) afin de trouver des solutions d'avenir durables et sécuritaires. Le peu de terres agricoles restantes et disponibles devraient être préservées comme espaces tampons verts. D'autre part, il faudra veiller à retracer certains cours d'eau qui furent déviés ou modifiés pour faciliter des opérations immobilières, provoquant ainsi les catastrophes que l'on sait. Nous devons avoir conscience (enfin) que la climatologie est en bouleversement. Si nous nous refusons à en tenir compte, nous pourrions en payer le prix bien plus encore. Et de cela, les citoyens doivent en être informés. Il faut rebâtir le principe des enquêtes publiques, aujourd'hui dépassé et reconsidérer l'ensemble des outils administratifs aboutissant aux SCOT et PLU en les faisant mieux coïncider avec les réalités du terrain, en faisant mieux participer le public, très souvent mieux informé des risques encourrus (transmission orale) que certains tehniciens qui n'ont de spécialistes que le nom.
Enfin, il faudra en passer par la refonte (amendements) de la Loi 95 - 101, dite Loi Barnier - du 2 février 1995, relative à la création par l'Etat de PPRN (Plan de Protection des Risques Naturels).
La FAUTE sur MER : Nous ne voulons plus voir ça....!
CONCLUSION :
> Arrêtons de vouloir créer des lotissements à tout prix....Arrêtons d'annexer excessivement des terres agricoles pour des besoins "artificiels" d'urbanisation.
> Préférons, autant que faire se peut, la rénovation des logements existants ainsi que les friches industrielles et/ou commerciales à réactiver (activité nouvelle de dépollution des sites)
> Respectons l'environnement, aidons à la conservation de notre biodiversité, en danger partout et pas seulement dans le sud de notre pays. En Normandie, nous avons répertorié de nombreux projets contraires à cette préservation. Ce sera uniquement de cette manière que l'on crééra un équilibre intelligent entre l'économie, l'aménagement du territoire, les transports, les énergies et le tourisme. Chez nous, au Pôle écologie de Normandie, nous appelons cela la transversalité.
> Protégeons nos sites existants contre toutes les manipulations arbitraires (barrages sur le Sélune par ex.) où les conséquences ne seraient pas suffisamment appréhendées.
Pôle écologie de Normandie
Pierre JUHEL et Dominique DAMBLE